mercredi 20 janvier 2016

10 ans après …

En avril 2006 à la veille de la primaire socialiste qui allait désigner en novembre suivant le ou la candidate à la Présidence de la république, après les deux mandats de Jacques Chirac, je réfléchissais aux questions politiques qui pour moi devaient être abordées et tranchées au cours de cette primaire. C’est sur la base de ces réflexions, qu’à l’époque, j’avais décidé de m’engager derrière la candidature de Ségolène Royal.

Ce texte n’a rien perdu de son actualité 10 ans après …

« La perte de confiance dans le monde politique est aujourd’hui telle, qu’un replâtrage ne saurait suffire, nos institutions et nos pratiques politiques sont à bout de souffle…

Des réponses claires aux questions sur la sécurité,  la justice,  l’éducation, la politique d’immigration, la politique de santé, de l’environnement, sont incontournables. De la qualité des réponses que nous apporterons à ces véritables défis, dépendra l’avenir politique de la Gauche.  

La réponse n’est pas de savoir, s’il faut y mettre plus de « modernisme » et moins de « social » ou  l’inverse. Il s’agit de savoir si, sur ces sujets de société essentiels, nous sommes capables d’entendre nos concitoyens qui souffrent et  nous interpellent et quelles propositions concrètes nous feront pour prendre en compte ces demandes.

Ces questions se posent à l’ensemble de la gauche française : mais c’est d’abord à nous socialistes d’y répondre. Que chacun sache donc écouter et  respecter l’autre, en commençant dans nos propres rangs. Nos sympathisants et plus généralement nos concitoyens, ne comprennent pas nos querelles de boutique et fustigent les ambitions personnelles exacerbées, leur soif d’unité est grande : sachons la prendre en compte. Mais ils expriment aussi leurs souhaits de renouvellement des élites politiques et surtout des pratiques politiques. Dire ce que l’on fera et faire ce que l’on dit reste l’exigence qu’ils fondent envers le monde politique.

La fracture entre les plus riches et les plus pauvres ne peut pas continuer de s’élargir, l’augmentation du pouvoir d’achat des classes  populaires (cadres moyens, techniciens, ouvriers et employés) doit redevenir une priorité. Comment vivre dignement aujourd’hui avec le SMIC ou les minima sociaux. Les baisses d’impôts doivent cesser d’être la priorité. La question qui doit se poser c’est plutôt celui du niveau de la  répartition  entre prélèvements sociaux, impôts directs et indirects. Une vaste réforme de la fiscalité doit être entreprise.

L’éducation doit devenir le premier de nos chantiers, aucun tabou, aucune autocensure, aucun anathème, ne doit pouvoir pervertir le débat. Il n’y a pas d’un côté ceux qui savent (les responsables : les enseignants, les élus, les chefs d’entreprises) et puis les autres (les familles, les enfants et les jeunes, les travailleurs). Education pour tous et formation permanente doivent être à la base de notre système d’enseignement. Il faut arrêter de fabriquer des laissés pour compte qui désertent le système d’enseignement bien avant la fin de l’âge légal de la scolarité et se retrouvent sans rien : la rage au cœur, prêts à toutes les dérives.

La prise en compte des besoins de la jeunesse en matière de formation, de travail, de logement, est une priorité sur laquelle il nous faut apporter au plus vite des réponses concrètes. Nulle démocratie ne peut se couper de sa jeunesse et donc de son avenir. Sachons, là encore, prendre le temps de l’écouter et de lui donner sa place, toute sa place. Rien ne serait pire qu’une fracture durable entre les générations. Cette fracture est déjà d’autant plus perceptible avec la jeunesse issue de l’immigration. Celle-ci est trop souvent, montrée du doigt, accusée de tous les maux, vilipendée. Mais elle est aussi notre nation : leurs parents, leurs grands-parents ont  servi la France, dans ses usines, dans ses mines, dans son agriculture,  dans son armée. Beaucoup de leurs ancêtres ont laissé leur vie pour notre pays sur les champs de batailles des différents conflits mondiaux. Cette jeunesse de l’immigration est la nôtre.  Parmi elle, ceux qui étudient, travaillent, respectent les lois de la République, réussissent,  sont les plus nombreux, sachons les mettre en avant.

La dimension multiculturelle de notre pays est une réalité et une chance, pour peu que l’on ne joue pas avec le communautarisme et la peur de l’autre.

En matière d’emploi, chacun sait aujourd’hui qu’il aura à changer plusieurs fois de métiers au cours de sa vie professionnelle. Accompagner cette nécessité est une obligation, La formation professionnelle permanente doit être au cœur du nouveau contrat social. La simplification du maquis actuel en matière de contrat de travail doit être mis sur la table des négociations entre les partenaires sociaux, mais c’est d’abord à eux de s’emparer de ce dossier, le législateur ne doit intervenir qu’après.

Notre notion du service public se doit d’être réaffirmée clairement, en tenant compte des besoins qui sont ceux d’aujourd’hui en matière de transport, d’énergie, de santé, de formation. Il est des principes qui  ne peuvent être remis en cause, tel que l’égalité d’accès à ces services ou la maîtrise de la production et de la distribution en matière d’énergie. 

Une fois ces principes réaffirmés, la question qui se pose est de savoir si  l’Etat est toujours le mieux placé pour les gérer directement. Les Régions, les Départements et les collectivités locales peuvent y jouer un rôle important, dans le cadre d’une véritable décentralisation avec les moyens qui vont avec. Là encore ce qui doit nous guider c’est l’intérêt collectif et celui de la nation.

Justice et sécurité pour tous, nos concitoyens portent avec raison cette exigence. Celle-ci est d’abord une des valeurs républicaines à réaffirmer avec force en se donnant les moyens de l’exercer partout sur le territoire. Il n’y a pas de liberté, ni de démocratie sans cette exigence de Justice et de Sécurité. 

Liberté, Egalité et Fraternité : notre devise républicaine s’est vidée  de son sens de manière continue depuis des décennies. Et pourtant, une partie de la réponse à nos problèmes de justice sociale, d’intégration, de renouveau du sens civique se trouve dans ses 3 mots.

Savoir redonner du contenu à notre devise nationale est d’une urgente nécessité. Nous ne reconstruirons pas un projet crédible sans redonner du sens à la solidarité : solidarité internationale, solidarité nationale, mais aussi tout simplement solidarité entre les individus. La solidarité n’a rien à voir avec l’assistanat. »

Didier TURBA
Avril 2006...

samedi 2 janvier 2016

A propos de la déchéance de la nationalité

On m’aurait posé la question il y a encore un an, j’aurai sans doute été contre, au nom de grands principes moralisateurs.

J’approuve aujourd’hui la proposition du Président de la République : pour quelles raisons ?

Le contexte depuis deux ans à totalement changé. Les attentats perpétués dans le monde entier par le pseudo Etat Islamique se sont multipliés (des dizaines de morts en Tunisie, un avion russe désintégré dans le ciel égyptien, etc… et deux attentats meurtriers à Paris cette année ; 12 morts en janvier à Charlie Hebdo, 130 morts et plus de 300 blessés en novembre.

«En France, les assassins étaient des français. Ils étaient partis à l’étranger mener une guerre sanguinaire au nom d’un Islam dévoyé, ils reviennent sur ordre d’une organisation étrangère (proto- étatique), pour massacrer leurs propres concitoyens sans distinction.

Leurs crimes sont d’une autre nature que les transgressions qui mènent d’ordinaire les criminels en prison. Que de tels assassins, reconnus coupables par la Justice, soient ensuite bannis de la communauté nationale (autant que faire se peut) est une idée qui a peut-être des relents vengeurs, mais elle exprime aussi le besoin de retrouver des repères clairs - donc des limites infranchissables - sur ce qui fonde un destin collectif national. »

Je suis O combien d’accord avec ce texte emprunté à un autre rédacteur que moi.

Ces assassins ont trahi leur pays. Le pays qui les avait éduqués, leur avait permis d’obtenir pour certains des diplômes. Même si certains étaient de petits délinquants, ce n’était pas des exclus qu’il faudrait comprendre…Ils sont venus assassinés dans des conditions horribles leurs compatriotes. Ils sont venus s’en prendre à ce qui fonde notre république, la démocratie, la liberté de la presse, la liberté d’accès à la culture. Ils rejettent notre mode de vie.

Après leur crime, pour ceux que la main de la justice aura pu saisir, les peines les plus lourdes doivent être requises. Et à l’issue de cette peine pour ceux pour qui c’est possible, il faut leur enlever la nationalité française, ils ne méritent plus de faire partie d’une communauté nationale dont ils se sont eux même exclus. A tous les droits civiques et familiaux devraient leur être retirés.

Pas de mansuétude pour les ennemis de la liberté.